8

 

 

 

Les problèmes ne tardèrent pas à arriver.

Juste au-dessous de la brèche que Grunthor avait trouée dans le mur apparaissait une minuscule saillie. Il s’agissait très probablement d’une excroissance de lichen jaillie du mur. Rhapsody s’était accroupie dessus sans effort et scrutait l’obscurité du tunnel sous elle, où les deux hommes disparaissaient rapidement, ainsi que la lueur vacillante de la torche.

« Attendez », appela-t-elle, la voix légèrement tremblante. « Vous allez trop vite. »

Les ombres dansaient sur les murs du tunnel au-dessus et autour d’elle, la laissant en sueur, étourdie.

« Comme c’est drôle, répliqua la voix rocailleuse en contrebas, amplifiée par l’écho. On pourrait aussi penser que c’est vous qui allez trop lentement.

— Je vous en prie », répéta-t-elle en ravalant la panique qui montait dans sa gorge.

Il y eut un silence puis la saillie se mit à trembler. Deux énormes mains apparurent au bord du bulbe, et Grunthor se hissa jusqu’à la taille, le visage brillant de l’humidité ambiante. Même dans le noir, Rhapsody le voyait sourire jusqu’aux oreilles.

« Qu’est-ce qui s’passe, Votre Altesse ?

— Je ne crois pas que je vais y arriver, chuchota-t-elle, se détestant à la seconde où elle avouait sa faiblesse.

— Bien sûr que si, chérie. Prenez votre temps.

— Je suis lirin... »

Le géant bolg gloussa. « M’en parlez pas trop. Ça fait longtemps que j’ai pas fait un bon repas.

— On ne supporte pas d’être sous terre.

— Oui, je vois ça. Bon, alors je vais vous donner une petite leçon, d’accord ? Venez, je vais vous montrer. »

D’une main il l’attira vers l’avant, tout en se maintenant de l’autre accroché à la corde. Hésitante, Rhapsody rampa au bord de la saillie, déglutit avec difficulté, et se pencha légèrement pour regarder en bas.

« Voilà votre première erreur. Ne regardez pas en bas. Fermez les yeux et retournez-vous. »

Elle obéit maladroitement. Les attaches de l’armure de Grunthor grincèrent tandis qu’un épais bras musclé entourait la taille de la jeune femme et la faisait basculer du rebord, en arrière. Rhapsody étouffa un petit cri.

« Bien. Maintenant, gardez les yeux fermés, tendez les bras bien écartés, et prenez la racine contre vous. Quand vous la tiendrez bien, cherchez une prise. »

Toujours dans les bras de Grunthor, Rhapsody étendit les deux mains et parcourut la surface du mur centimètre par centimètre, jusqu’à toucher la racine de la poitrine. Elle frissonna lorsque Grunthor bougea afin de la rapprocher encore ; l’odeur lourde et métallique de l’armure et de la sueur, le parfum humide et terreux de la racine lui emplirent les narines. Elle finit par trouver une petite encoche près de sa main gauche, et une épaisse branche à sa droite. Elle agrippa les deux d’une poigne ferme.

« Maintenant, les pieds. Bien. Voilà, ouvrez les yeux. »

Rhapsody obéit. Devant elle s’élevait la membrane extérieure de la racine, une épaisse peau tachetée, zébrée de rhizomes et d’excroissances de lichen, aussi rêche et irrégulière que l’intérieur en était lisse. Elle posa l’oreille contre la racine et inspira, inhalant cet air riche et odorant, écoutant le bourdonnement rythmique qui vibrait dans sa peau et à la racine de ses cheveux. Elle trouvait du réconfort dans cette chanson, même ici, dans le tombeau obscur de la terre.

« Ça va ? »

Rhapsody hocha la tête, toujours appuyée contre la peau blême de la racine, d’un blanc spectral dans le noir. Les dernières ombres tremblotèrent, et la torche dans le tunnel s’éteignit dans un sifflement.

« Maintenant, vous voyez, vous vous en tirez très bien. Regardez pas en bas, et prenez votre temps. Je vous rattraperai sûrement, si vous glissez. » Le géant lui tapota l’épaule avec maladresse, puis reprit sa descente.

« Merci », murmura Rhapsody.

Avec précaution, elle chercha d’autres prises, plus bas. Puis elle glissa doucement le pied jusqu’à trouver un autre nœud affleurant sur la racine. Elle avait les épaules en feu, les mains qui piquaient, les genoux douloureux – et elle n’avait pas encore fait un pas.

 

Il aurait été impossible de dire combien de temps ils descendirent ainsi dans le noir – des heures, sans doute, bien que cela parût des jours. Chaque excroissance ou rhizome saillant sur la peau épaisse de la racine devenait pour Rhapsody le prétexte pour s’arrêter et se reposer quelques instants, accordant aux muscles hurlants de ses jambes et de ses épaules un court répit dans ce calvaire.

Elle ne voyait plus ses compagnons, à cause de l’obscurité et de la distance qui l’en séparaient. Achmed avait jalonné le trajet de sorte que chacun d’eux puisse se reposer. Dès qu’il atteignait un affleurement suffisamment large pour s’y arrêter, il en criait l’emplacement aux autres, et Grunthor et Rhapsody restaient là où ils se trouvaient, attendant leur tour pour descendre sur le prochain rebord.

C’est lors d’un de ces moments de repos, les pieds encastrés dans une crevasse dans la racine et les bras enlaçant le fût en une étreinte désespérée, que Rhapsody se sentit de nouveau envahir par la panique.

Le tunnel qui enveloppait la racine était large à la base de l’Arbre, les parois en étaient invisibles dans le noir. Il s’était creusé au cours des siècles à mesure que poussait l’Arbre, et par les pluies engorgées de centaines de printemps. Aussi ressemblait-il à une vaste grotte lorsqu’ils avaient entrepris leur descente.

Mais plus ils progressaient le long de la racine, plus le tunnel s’étrécissait. Le corps de la racine s’était affiné, et les petites amorces de branches se faisaient plus nombreuses. La Terre même se refermait sur eux et plus les parois du tunnel se rapprochaient, plus le cœur de Rhapsody tambourinait fort. Elle était en partie lirin, une enfant du ciel et des grands espaces de ce monde, pas faite pour ramper aux confins de la Terre comme les Firbolgs, la race de Grunthor. Chaque inspiration encrassait et oppressait ses poumons, lui torturait l’âme.

 Sa tête se mit à tourner. Séparée du ciel, elle se sentait enterrée vivante au creux de la Terre, ensevelie si profond que jamais personne ne la retrouverait. Même dans la mort, les Lirins n’enterraient jamais les leurs dans le sol, mais livraient leurs corps au vent et aux étoiles par le feu du bûcher funéraire. La conscience qu’elle avait des profondeurs dans lesquelles ils s’enfonçaient la frappa d’un coup, la laissant terrifiée. Profond. Ils étaient allés profond. Trop profond.

Ce fut soudain comme si chaque grain de poussière, chaque motte de terre dans le sol au-dessus d’elle s’affalait sur ses épaules et expulsait violemment l’air de ses poumons. Elle resserra sa prise sur la racine, tandis qu’un vertige brûlant la saisissait.

Le chant de l’Arbre, si réconfortant et omniprésent au début de leur descente, s’était réduit à un faible murmure, emportant avec lui le peu de courage qu’il restait à la jeune femme. Le bruit de sa respiration et le martèlement douloureux de son cœur lui emplissaient les oreilles, lui donnant l’impression qu’elle se noyait. Elle se mit à haleter. Trop profond. C’est trop profond.

Le souvenir de la voix de son père, sévère mais pas en colère.

Arrête de brasser l’air.

Rhapsody ferma les yeux et focalisa ce qu’il lui restait de volonté sur sa note baptistrale. Ela, la sixième note de la gamme. Une des premières choses qu’elle avait apprises, lors de son apprentissage de Baptistrelle, la fourchette harmonique mentale lui permettant de reconnaître la vérité d’une vibration donnée. Cela l’aiderait à affiner son souvenir, même livrée à la terreur. Elle inspira profondément et se mit à fredonner doucement cette note.

L’eau de l’étang était froide et de l’écume verte flottait à sa surface. Elle n’en voyait pas le fond.

Père ?

Je suis là, ma fille. Bouge doucement les bras. C’est mieux.

Il fait si froid, Père. Je n’arrive pas à rester au-dessus de l’eau. C’est trop profond. Aide-moi.

N’aie crainte. Je te retiens.

Rhapsody inspira de nouveau et sentit l’étau qui enserrait ses poumons se relâcher quelque peu. Le souvenir du visage souriant de son père, de sa barbe et de ses sourcils où perlaient les gouttes, des filets d’eau ruisselant sur ses joues, surgit de sa mémoire comme de la surface de l’étang, si longtemps auparavant.

L’eau ne te fera aucun mal. La panique, oui. Reste calme.

Elle hocha la tête comme elle l’avait fait ce jour-là, et sentit les gouttelettes de sueur projetées par le mouvement de sa chevelure, comme alors.

C’est si profond, Père.

Le jet d’eau quand il recracha. La profondeur importe peu, du moment que tu gardes la tête au-dessus. Arrives-tu à respirer ?

Ou-oui.

Alors peu importe la profondeur. Concentre-toi sur ta respiration, et tout ira bien. Et ne panique pas. C’est la panique qui te tuera, même si rien d’autre ne te menace.

La respiration suivante fut plus facile encore. Les souvenirs sont les premières histoires que l’on apprend, lui avait dit Heiles, son mentor. Ils sont ta propre tradition. Il y a plus de puissance en eux que tu n’en rencontreras jamais dans toutes tes études, car c’est toi qui les as écrits. Commence par travailler sur eux. Par deux fois déjà elle s’était retournée vers le Passé, et il lui avait donné exactement ce dont elle avait besoin.

La profondeur importe peu. Concentre-toi sur ta respiration, et tout ira bien. Et ne panique pas. Rhapsody ouvrit lentement les yeux.

« Mam’zelle ? »

La voix venue d’en dessous la prit par surprise. Rhapsody sursauta et perdit l’équilibre. Elle tendit les bras dans un geste frénétique pour rattraper la racine et trébucha, glissant sans prise le long de la chair pâle et glissante.

Des racines et des moignons de branches lui frappaient les bras à mesure qu’elle descendait, contusionnant sa chair et lui giflant le visage. L’écorce lui mordait le cou et les mains sans pitié tandis qu’elle dégringolait, qu’elle plongeait, jusqu’à ce que l’énorme masse de Grunthor mette un terme brutal à sa chute. Le corps du géant absorba le chaos de l’impact sans broncher. Rhapsody leva les yeux, des élancements nauséeux dans le cou, pour voir ce gros visage gris-vert s’orner d’un sourire jovial.

« Salut duchesse ! J’espérais bien que vous me tomberiez dessus ! Ça vous dirait, une tasse de thé ? »

La tension qu’elle accumulait en elle depuis deux semaines vola soudain en éclats et, malgré elle, Rhapsody éclata de rire. Le géant se joignit à elle.

« Grunthor. » La voix rocailleuse vint tuer leur bonne humeur dans l’œuf. Le géant se pencha dans l’obscurité. « Nous allons changer de trajectoire ici, prendre un chemin différent.

— Attendez là, ma belle, hein ? »

Rhapsody acquiesça. Grunthor l’aida à retrouver une prise sur la racine, puis sortit une petite flasque et donna à boire à la jeune femme. Puis il descendit rejoindre Achmed pour converser avec lui. Il revint quelques minutes plus tard. « Il y a un rebord plutôt large, un peu plus bas. On va dormir là. Si vous voulez vous accrocher, je peux vous porter jusque-là. »

Rhapsody secoua la tête.

« Non, merci. Si ce n’est pas trop loin, je crois que je peux y arriver.

— Comme vous voudrez. Ça me suffit de savoir que vous m’êtes tombée dans les bras. » Il descendit le long de la racine, tandis que le suivait le doux rire en cascade de Rhapsody.

 

Ils prirent leur repas en silence dans la semi-obscurité. Achmed avait allumé une autre torche et l’avait fichée dans une entaille au-dessus d’eux. Rhapsody savourait la lumière et la chaleur de la petite flamme. Elle avait été trop occupée à combattre sa panique et son étouffement pour se rendre compte du froid et de l’obscurité.

Achmed avait ramassé un certain nombre de spores et de débris en chemin, et en éprouvait les vertus en tant que combustible. Un genre de champignon spongieux nourrissait bien la flamme, et continuait de rougeoyer un moment, une fois éteint. Satisfait, il en récolta une quantité non négligeable sur la peau de la racine et les entassa dans son sac. « Bonne source de lumière, dit-il à Grunthor. Et ça devrait pouvoir aussi nous chauffer un peu. »

Le Firbolg leva le nez du morceau de viande séchée qu’il avait trouvée dans les provisions des hommes de Michael. « Et l’eau n’est pas un problème, à l’évidence. »

Et pour illustrer cette affirmation, il essora un coin de sa cape, gorgée d’humidité par cette lente descente le long de la racine humide. Un fin filet d’eau vint lui éclabousser les bottes.

Rhapsody termina son repas en silence. Suspendue là, à l’abri pour le moment, elle avait eu le temps de réfléchir à leur entreprise. Elle consacrait toute sa concentration à gagner le combat contre la panique qui rampait, insidieuse, au bord de sa conscience. Elle ne remarqua pas le mouvement d’Achmed, qui lui tendit un végétal vert argenté. Il le secoua plus près du visage de la jeune femme, attirant enfin son attention.

« Mangez. »

Rhapsody accepta la nourriture avec un regard glacial, puis prit plusieurs inspirations profondes afin de garder son calme. Elle préleva une bouchée qui la fit grimacer. La plante, fibreuse, avait un goût fade. Rhapsody mâcha, puis avala avec difficulté. « Beurk. C’était quoi ?

— De la racine. » Achmed sourit, puis détourna le regard en voyant l’expression horrifiée sur le visage de la jeune femme.

« De la racine ? Vous mangez Sagia ?

— En fait, c’est vous qui mangez Sagia. » Il tendit les bras pour l’empêcher de se lever. « Avant de tout vomir, réfléchissez-y à deux fois. Nous ne savons pas combien de temps nous allons rester là-dessous. Et nous n’avons pas assez de nourriture pour tenir très longtemps. Quand nous aurons épuisé les vivres, que suggérez-vous que nous mangions ? »

Il ignora le regard furieux qu’elle lui décocha.

« Ou préférez-vous que je pose cette question à Grunthor ?

— Ne vous inquiétez pas, mam’zelle, répondit le géant firbolg en mâchonnant. Je pense pas que vous feriez un repas bien consistant. Vous avez un côté maigrichon, si je peux m’permettre. Vous seriez dure sous la dent, avec un goût de petit gibier.

— La quantité de racine que nous prélèverons pour nous nourrir sera dérisoire pour les parasites de l’Arbre, et même pour l’Arbre lui-même. Vous ne lui ferez aucun mal, et cela vous permettra sans doute de survivre. Ainsi vous pousserez un peu plus avant l’allégorie de l’Arbre nourrissant les Lirins. »

Rhapsody ouvrait la bouche pour expliquer à ce mécréant en face d’elle que Sagia était une entité vivante, avec une âme, mais un mot, un seul, vint bousculer le reste de sa diatribe. « Des parasites ? »

Grunthor grogna. « Allez, quoi, vous avez pas remarqué les trous ? »

Les yeux de Rhapsody se mirent à fouiller frénétiquement les ténèbres. Elle avait dépensé une telle énergie à ne pas sombrer dans l’abîme qu’elle n’avait pas pris la peine de regarder le décor autour d’elle ; et même à présent, elle ne voyait rien d’autre qu’un gigantesque mur vert pâle hérissé de bulbes derrière eux, et le tunnel rocailleux autour. Les dimensions monstrueuses de la racine et de la grotte qui l’entourait avaient de quoi l’intimider. « Non.

— Vous êtes dans le sol, Rhapsody, fit observer Achmed avec une patience inhabituelle. Les vers et les insectes vivent eux aussi dans le sol. Ils se nourrissent de racines. Vous avez quand même remarqué qu’il y a des racines, dans le coin ? » Il vit la panique voiler ses yeux d’un vert intense, et saisit la jeune femme par les épaules. « Écoutez-moi. Grunthor et moi savons ce que nous faisons, du moins pour l’essentiel. Si vous décidez de nous accompagner, et que vous acceptez de suivre les règles, vous arriverez peut-être à sortir d’ici. Si vous paniquez, vous mourrez. Vous comprenez ? » Elle hocha la tête. « Eh bien, c’est un début. Maintenant, si je me souviens bien, vous nous avez dit qu’une des choses que vous saviez faire en tant que Baptistrelle, c’était prolonger le sommeil, n’est-ce pas ?

— Parfois, oui.

— Ce qui pourra se révéler important. Maintenant, une fois que vous serez reposée, nous changerons d’itinéraire. La racine bifurque, et remonte un moment à l’horizontale. C’est la direction que nous allons suivre. Dormez. »

Il se recula contre la paroi de la racine et son visage vérolé disparut de nouveau dans l’ombre de sa capuche.

Rhapsody se rapprocha de la torche, avec l’espoir que la lumière durerait au moins jusqu’à ce qu’elle s’endorme. Elle ferma les yeux, mais ne put échapper à l’image de la vermine invisible qui se nourrissait de Sagia, et qui l’engloutissait.

Le chant de l’Arbre, si distant pendant qu’ils cheminaient, s’amplifia dans le silence et lui emplit les oreilles, puis le cœur, la berçant doucement pour l’endormir. Dans sa dernière pensée consciente, elle fredonna sa note baptistrale, s’accordant sur le chant de Sagia. Voilà qui la soutiendrait, dans ce lieu de cauchemar.

Au loin, dans un royaume plus profond encore que celui dans lequel sombraient les rêves les plus noirs de Rhapsody, l’énorme serpent endormi s’étira imperceptiblement, fit jouer ses immenses anneaux dans son sommeil. Enroulée autour des racines ancestrales du Grand Arbre, à l’intérieur même d’anciens tunnels datant de l’Avant-Temps, la bête gisait dans les ténèbres figées des entrailles de la Terre, attendant l’appel. Bientôt la guerre ferait rage, la porte du monde de la surface s’ouvrirait, et le festin tant attendu pourrait commencer.

Rhapsody, Première Partie
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